Visite de Saint Ange par les écoles de Villecerf juin 2021
- Pierre de Roys
- 1 avr.
- 4 min de lecture
Pour beaucoup d’entre vous, ce sera votre première visite à Saint Ange, et j’espère ne sera pas la dernière, car les écoles de Villecerf sont toujours les bienvenues, et vous reprenez
aujourd’hui une très ancienne tradition.
François Ier, le Roi chevalier et Anne de Pisseleu par Clouet
Le nom de Saint Ange, est un nom récent (1628). Historiquement le lieu où vous êtes
s’appelait ‘Beaumont-les-Challeau’ dépendant de la seigneurie de Challeau, l’actuel Challeau,
et le nom de Beaumont lui venait de son point culminant, la ‘Butte Beaumont’, à l’est du parc
de Saint Ange.
L’Histoire de Saint Ange commence en 1532 quand Anne de Pisseleu, la duchesse d’Etampes,
la grande favorite du roi Français 1 er (1494-1547) va acheter la seigneurie de Challeau des
héritiers de Guérin Le Groing, le maitre des écuries du roi Louis XI.
La duchesse d’Etampes, va y construire entre 1543 et 1546, un château, qui portera le nom de
« Chateauneuf de Challeau », car le vieux château de Challeau, l’ancienne forteresse que
l’on voit en face de l’actuelle maison de retraite était alors le château principal.
« Si tu me tisses une chemise sans couture, Je te bâtirai un château sans toiture »
dira selon la légende François 1 er , et tous s’émerveilleront de la construction de ‘cette maison de plaisance, bâtie à la moderne’, la première à toits plats construite en France et ouvrant sur ses quatre côtés de jardin, qui sera qualifié d’un des plus excellents bâtiments de France’
Façade NORD, Façade EST et Gravure de Chatillon
De la mort du roi François 1er en 1547, à Rambouillet à l’acquisition du domaine par Pierre le Charron en 1597-1603, la maison va se trouver à l’abandon.
Son fils François 1 er Le Charron va reconstruire le Chateauneuf-de-Challeau, le renommant Saint Ange en 1628, en le pourvoyant de toits en ardoises, en embellissant les jardins d’eau, en augmentant le domaine alors limité à la coseigneurie de Beaumont-les Challeau, par l’acquisition de Villecerf en 1645.
Saint Ange, devenue baronnie de Saint Ange, dépendra de la paroisse de Villecerf. Pendant les guerres de la Fronde (1648-1653) François le Charron, va permettre aux habitants de Villecerf de sauver leurs personnes et leurs biens, essentiellement du bétail, et les invitant à se réfugier à l’intérieur des murs d’enceinte du Château. A sa mort, en 1651, il sera enterré dans l’église de Villecerf, où se voit encore sa tombe et ses armoiries avec cette inscription:
Messire François Le Charron, chevalier
Seigneur et Baron de Saint Ange, conseiller
Du Roi en ses conseils, et premier maistre
De l’ostel de la Reyne, décédé en sa maison
De St Ange, le 25° jour de février 1651
Après le temps des Le Charron, va venir le temps des Camartin avec Louis Urbain Le Fevre
de Caumartin, marquis de Saint Ange et Comte de Moret. Le domaine va connaitre sa plus
grande notoriété, et son plus grand rayonnement.
Voltaire jeune vient s’y réfugier et y écrira ‘La Henriade’. Toute la Cour, lorsque le roi séjournait à Fontainebleau venait dîner à Saint Ange, Madame de Sévigné, Saint Simon en feront des descriptions très exactes. Avec son neveu, Louis Antoine de Caumartin qui prend sa suite, viendra le temps de la Révolution, où le domaine sera vendu et morcellé, avant que le château ne soit détruit pierre par pierre par le spéculateur du temps.
Le comte Nicolas de Rennel de Lescut, va acheter ce qui reste du domaine en 1817, pour son
gendre Jérôme, marquis de Roys et son petit fils Anne-Conrad, derniers héritiers d’une très
ancienne famille beaucairoise. Ils vont s’efforcer de redonner au domaine une partie de son
unité perdue avec la Révolution, et feront de l’ancienne conciergerie, l’actuel château de Saint Ange.
Polytechnicien, journaliste engagé, président de la société géologique de France,
Jérôme marquis de Roys sera maire de Villecerf de 1821 à 1830 à la suite de son beau- père,
1817-1821. C’est à lui que Villecerf doit son entrée dans l‘agriculture moderne.
Anne-Conrad , son fils mort à l'age de 28 ans, c'est son petit fils, Richard Timoléon, brillant Saint Cyrien, officier de la garde de Napoléon III, qui deviendra aussi maire de Villecerf de 1869 à 1886.
Premier Villecerfois à être conseiller général du canton de Moret puis député, son grand pere Jérôme avait créé l‘école libre pour les garçons et les filles et rétabli le couvent des religieuses, Richard, lui, va créer l’école publique du village avec ses bâtiments actuels, établir une gendarmerie (à la sortie de Villecerf, sur la route de Moret), ainsi que le bureau de poste qui déservira toutes les autres communes du canton au sud de Moret.
Les années 1915-1945 vont permettre à René marquis de Roys, son petit fils, de mettre
Vilecerf à l’aune du temps, et ce brillant officier qui servira dans les deux guerres mondiales,
va être à Villecerf et dans le canton de Moret le créateur, l’animateur et l’âme de la
Résisistance, avant de mourir dans les camps de déportation, à la suite de son arrestation après les parachutages de 1944 au Pimard.
Sa femme, la marquise de Roys, maire de Villecerf de 1945 à 1953, sera son principal soutien, et sera faite avec lui « Justes parmi les nations »
Saint Ange en 1788 Saint Ange en 2018
Aujourd’hui et à la suite de son père Jérôme de Roys, son fils aîné Guillaume Timoléon de
Roys vient de prendre, avec son épouse la lourde responsabilté de la poursuite du renouveau
de Saint Ange, pour la transmettre à Anne-Conrad deuxième du nom, le moment venu
Saint Ange
Ceci était le dernier article adressé par Jérôme de Roys, le 8 juin 2021, aux enfants de l'école de Villecerf, en visite au chateau de Saint Ange.
Comments